Le 16 novembre 2022 – De très beaux échanges, comme toujours avec Didier Fortin, commandant de la gendarmerie pour les réserves et la jeunesse. Un accueil chaleureux de l’équipe à la Caserne de la Garde Républicaine Tournon dans le 6ème à Paris.
La première interview date du 05 février 2022. Nous sommes le 16 novembre 2022, lendemain de la clôture du mois des réservistes. Les actualités sont nombreuses, les projets aussi ! Le tout accompagné par une équipe renouvelée cet été presque dans sa totalité.
A cet effet, deux prises de parole attendues dans l’interview, Chadia Boudarssa nouvelle cheffe du bureau jeunesse engagement citoyenneté et la cheffe d’escadron Bénédicte Gomes da Cunha, officier supérieur adjoint du général de division Didier Fortin. Une partition à trois voix bien sympathique !
Bonjour Didier,
Quelles sont vos actualités majeures depuis notre entretien le 05 février 2022 ?
Les actualités pour le commandement de la gendarmerie des réserves et de la jeunesse ont été riches depuis ce dernier semestre tout simplement parce que lorsque nous nous étions vus, nous étions encore le commandement des réserves de la gendarmerie et nous venions de réussir avec succès la présentation des réserves sur le stand de la gendarmerie lors de l’événement La Fabrique Défense où nous avions pu accueillir la ministre des Armées, le ministre de l’Éducation nationale, la secrétaire d’État à la jeunesse, et d’autres autorités venues sur notre stand.
Depuis, la gendarmerie a souhaité s’engager encore davantage pour la jeunesse et nous pourrons revenir sur les chiffres ultérieurement. À cet effet, pour marquer cet engagement, nous avons durant tout ce semestre travaillé sur la réorganisation du Commandement des réserves de la gendarmerie pour qu’il devienne le Commandement de la gendarmerie pour les réserves et de la jeunesse (en abrégé le CRJ).
Et j’ai à côté de moi, Chadia Boudarssa, notre nouvelle cheffe du bureau jeunesse engagement citoyenneté, qui a pour mission de promouvoir l’engagement de la gendarmerie en faveur de notre jeunesse depuis l’école primaire jusqu’à l’université et aussi l’engagement aussi dans les réserves. C’est d’ailleurs dans le cadre du Service national universel que la gendarmerie offre un quart des missions d’intérêt général pour les jeunes qui suivent la phase 2 du SNU. Nous avons ainsi quasiment une association de cadets de la gendarmerie par département qui accueille 20 à 30 cadets pour l’année 2022. Ce marqueur est celui de vouloir soutenir l’engagement gouvernemental pour assurer l’éveil et l’initiation à la citoyenneté au sein de la gendarmerie et aussi celui de marquer la confiance entre la jeunesse et la gendarmerie. Par ailleurs, plus de 70 actions ont été menées par la gendarmerie nationale au cours du mois consacré aux journées nationales des réservistes (JNR) et en partenariat avec de nombreux acteurs : l’Éducation nationale et Jeunesse, les universités, le salon des grandes écoles, la préfecture, Pôle emploi, la presse locale, etc. La récente mise en place d’une classe de défense au sein de la cité Éducative Hoche à Versailles, en lien avec le Groupement de Gendarmerie départementale des Yvelines, permettra aux jeunes de développer l’esprit de défense, le sens de la citoyenneté et le civisme en transmettant le savoir-être, l’éthique et les valeurs collectives qu’incarne la Gendarmerie nationale.
Enfin, les journées sports armée jeunesse (JSAJ) mobiliseront la gendarmerie tout au long de l’année et ce dès le lancement qui a eu lieu le 9 novembre dernier, journée au cours de laquelle plus de 1500 jeunes ont participé à des rallyes, des marches, des courses, etc. Ces actions contribuent à un éveil de la citoyenneté dans le cadre de la mise en œuvre du parcours d’engagement citoyen pour la jeunesse et créent les conditions favorables à un continuum de l’engagement, dès le plus jeune âge.
Notre second point d’évolution est le bureau des réserves pour le numérique et le cyber.
La gendarmerie s’est beaucoup investie dans le cyber. Nous avons déjà identifié, cartographié les compétences de 300 réservistes de manière à ce que nous puissions répondre à des missions bien spécifiques du ComCyberGend, du Service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure et d’autres services de la gendarmerie œuvrant dans le domaine du numérique. Le nouveau bureau est chargé d’animer tous nos réservistes opérationnels et citoyens ayant des compétences dans le domaine du cyberespace, du numérique et des nouvelles technologies. Il a également la charge d’étendre la cartographie à l’ensemble de nos réservistes opérationnels et citoyens, afin que de permettre une connaissance fine des qualifications et expertises de ces derniers. Cette connaissance exhaustive des capacités de chacun permettra, après avoir recueilli le besoin des employeurs, de cibler les recrutements à venir et dans tous les domaines en allant chercher dans les écoles ou d’une manière générale dans la population civile les talents qui nous manqueraient pour faire face à nos missions et relever les défis de demain de la gendarmerie.
Un autre point majeur est que depuis cet été, les retraités de la gendarmerie qui ont souscrit un engagement à servir dans la réserve opérationnelle ont désormais la possibilité d’être habilités Officiers de police judiciaire (OPJ) pendant une durée de 5 ans à compter de la date de leur départ en retraite. Pour être effectif, ce dispositif nécessite toutefois l’adoption d’un texte d’application interministériel – en cours – qui doit préciser les modalités de formation préalable des intéressés. La parution prochaine de ce dernier texte au journal officiel clôturera le cadrage juridique de ce dispositif qui sera une évolution majeure dans les compétences qu’un réserviste peut avoir. Ce qui veut dire que nous aurons désormais des réservistes qui vont pouvoir soutenir les gendarmes d’active dans les enquêtes judiciaires. C’était très attendu sur le terrain.
Tout cela a été mis en place avant les vacances estivales, avant de prendre une pause bien méritée (sourire) pour reprendre de plus belle à la rentrée pour poursuivre notre transformation des réserves de la gendarmerie dans la lignée du plan de transformation « GEND 20.24 » du directeur général de la gendarmerie nationale.
Mais je n’oublie pas non plus que cet été, notamment avec la cheffe d’escadron Bénédicte Gomes da Cunha, nous avons arpenté plusieurs centres de formation d’élèves réservistes à l’occasion des préparations militaires gendarmerie. Nous avons ainsi pu aller à la rencontre d’élèves réservistes en Bretagne et dans les Pays de la Loire par exemples courant juillet, sachant que des élèves seraient engagés dès le mois d’août, notamment en renfort sur les zones d’influence saisonnières, donc sur les plages. Cela nous a également permis aussi d’aller à Pornic, à l’Ile-aux-Moines à la rencontre des élèves réservistes et des élus sachant que les élus sont ravis d’avoir des personnels de renfort pour assurer la sécurité des estivants.
Un été marqué aussi par le renouvellement de l’équipe du commandement des réserves de la gendarmerie et de la jeunesse. Que faut-il retenir des changements ?
Notre équipe a effectivement été renouvelée presque dans sa totalité. C’est un fait chronologique en gendarmerie que de changer de fonction en période d’été.
J’ai une équipe toute neuve et motivée, avec mon second le colonel Raphaël Garreau à mes côtés, elle m’aide à poursuivre cette transformation des réserves de la gendarmerie et de la jeunesse et sa montée en puissance puisque le président de la République souhaite que d’ici 2027 nous passions d’un peu plus de 30 000 réservistes l’année passée à 50 000 en 2027. Je peux dire que nous sommes sur une bonne voie car nous finirons l’année 2022 je pense à presque 32 500 réservistes. Déjà en 2021, nous avions augmenté les effectifs de +7%. Nous poursuivons sur le même rythme en 2022 de manière à nous préparer pour les prochains événements que sont la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux Olympiques de 2024.
J’ajouterais une précision.
Comme tu le sais, nous poursuivons la transformation des réserves de la gendarmerie et de la jeunesse. Nous travaillons sur la montée en effectifs et en compétences avec la possibilité notamment d’être officier de police judiciaire et en complément pour certains réservistes d’être agent de police judiciaire.
Ces évolutions confirment ce que j’évoquais lorsque nous nous étions précédemment vus. Le passage de l’appellation de gendarme réserviste de la gendarmerie à gendarme de réserve démontre bien que le gendarme de réserve est bien le frère d’arme du gendarme d’active.
Le mois des réservistes s’est clôturé hier, mardi 15 novembre 2022.
Quelles ont été vos actions concrètes ?
Comme indiqué précédemment par Madame Boudarssa, plus de 70 actions ont été menées par la gendarmerie sur tout le territoire au cours du mois consacré aux journées nationales des réservistes (JNR) et en partenariat avec de nombreux acteurs : l’Éducation nationale et Jeunesse, les universités, le salon des grandes écoles, la préfecture, le pôle emploi, la presse locale, etc. Il s’agissait par exemples de marches et courses d’orientations, de reportage, d’expositions de matériels, de conférences sur l’évolution des cadets de la gendarmerie, ateliers d’informations ou rencontres diverses, tables rondes ou témoignages valorisant l’action des réserves.
Dans le cadre de la transformation des réserves de la gendarmerie et de la jeunesse, il serait pertinent d’apporter des précisions sur le volet de la jeunesse.
Didier Fortin : Je donne la parole à Chadia Boudarssa en charge de ces sujets majeurs.
Chadia Boudarssa : L’objectif du bureau jeunesse engagement et citoyenneté est de développer une politique d’engagement et de citoyenneté en faveur des jeunes. L’idée est de leur proposer un parcours depuis le primaire avec les classes de défense. On aura une fusée à 3 étages : primaire, collège et lycée. Nous proposons également le permis piéton et le permis internet ainsi que le SNU puisque la gendarmerie participe à la première phase et aux missions d’intérêt général de la phase 2. La gendarmerie représente un grand pourcentage, un quart des offres des missions d’intérêt général proposées. Nous avons aussi des actions en faveur des étudiants avec des week-ends de citoyenneté et également le service civique, sans oublier la question des stages depuis la 3ème puisque la gendarmerie s’est engagée à accueillir des jeunes dès la 3èmeet à partir du CAP jusqu’au Master.
Notre objectif est presque triple. Le premier est que la gendarmerie participe à la cohésion sociale et fasse sa part en faveur des jeunes en tant que responsabilité sociétale. Le second est de dire aux jeunes « Vous faites nation ». Nous faisons passer le message gendarmerie-nation aux jeunes en leur disant qu’ils ont leur place en gendarmerie quel que soit leur profil. Pour la gendarmerie, c’est l’idée de nourrir les actives et les réservistes. Si on se projette à moyen terme, un jeune voit au moins une fois dans sa vie un gendarme, qui lui aura apporté un message de prévention, et par son expérience, on touche sa famille, ses amis, ses réseaux.
Nous souhaitons un continuum dans l’engagement aussi bien en zone rurale que dans les quartiers prioritaires de la ville. Nous avons des chantiers en cours, des partenariats avec l’Éducation nationale et nous avons à cœur de présenter l’action de la gendarmerie qui se développe auprès des instances gouvernementales.
Nous avons avec nous Bénédicte Gomes da Cunha.
Bénédicte, il serait intéressant aussi de découvrir vos actions.
Bénédicte Gomes da Cunha : Avec la montée en puissance des réserves et la volonté réaffirmée de la gendarmerie de s’engager en faveur de la jeunesse, le CRJ a souhaité se donner une nouvelle dimension dans les domaines de la communication, des partenariats ainsi que de la prospective et de la valorisation des réserves de la gendarmerie nationale.
Mes nouvelles fonctions d’officier supérieur adjoint au commandant de la gendarmerie pour les réserves et la jeunesse et d’officier communication me conduisent ainsi en premier lieu à coordonner, promouvoir et valoriser les différentes actions menées par le CRJ et les évènements toujours plus nombreux auxquels nous participons (séminaire des cadets de la gendarmerie, ouverture des JNR, JSAJ, évènements de recrutement et d’information en lien avec les universités comme Paris Assas, présence au Paris Games Week …) grâce notamment aux différents partenariats, internes comme externes, que nous nous attachons à développer davantage.
En second lieu, nous souhaitons nous inscrire dans une démarche prospective sur le positionnement, le développement et l’engagement des réserves de la gendarmerie nationale au sein des territoires. Ainsi, ces évolutions et perspectives nécessitent pour le CRJ une certaine réorganisation ou restructuration et donc une conduite du changement que je m’attache à faciliter, adapter et animer.
Didier, un dernier mot sur les sujets des réserves ?
Tu l’as compris, nous souhaitons organiser les réserves de manière à ce qu’elles soient le plus efficace possible, que ce soit pour les réservistes opérationnels et les réservistes citoyens qui sont de véritables aides pour la gendarmerie pour nous éclairer, nous guider dans les réflexions et aussi nous aider à accompagner les associations de cadets de la gendarmerie puisque ce sont des citoyens qui assurent la gestion des cadets sur les territoires. Notre réserve citoyenne contribue vraiment au rayonnement de la gendarmerie tout en l’éclairant sur les enjeux majeurs de notre société. C’est pour cela que nous voulons encourager l’accueil de jeunes majeurs dans la réserve citoyenne.
Mais nous avons aussi cette volonté de s’engager en confiance. Nous avons abordé le chantier de la protection sociale du réserviste. De manière à faire en sorte que lorsque nos réservistes malheureusement sont blessés ou victimes d’outrage lors de leur service, et bien la gendarmerie puisse les accompagner.
J’ai proposé au Colonel Raphaël Garreau de « sortir de l’ombre » (sourire)
et de s’exprimer
Raphaël Garreau, commandant en second et délégué adjoint aux réserves de la gendarmerie : J’appuie sur le fait que le réserviste n’est pas seul, la gendarmerie est à ses côtés. Le réserviste est un gendarme de réserve et son frère d’arme est le gendarme d’active qui peut compter sur lui sans réserve.
« Car la gendarmerie c’est avant tout un système d’hommes et de femmes plus qu’un système d’arme, au service de leurs concitoyens » (Colonel Frédéric Labrunye).
Note importante : Il est strictement interdit de copier tout ou partie de l’article