Nahed, vous êtes une professionnelle du Tourisme reconnue pour votre sérieux à promouvoir la destination touristique égyptienne sur le marché français. Les lecteurs de Miss Konfidentielle, professionnels et grand public, souhaitent vous découvrir davantage.
Pouvez-vous retracer votre parcours avant de rejoindre l’Office du Tourisme d’Egypte ?
J’ai suivi mes études de médecine et d’internat au Caire alors que j’étais convaincue de ne pas être faite pour ce métier. J’avais trop de mal à supporter la souffrance des grands malades. Entre temps, j’ai décroché le diplôme de guide conférencier. Mon père m’a alors suggéré de suivre un stage dans un hôpital parisien afin d’être certaine que je prenne la bonne décision. À l’hôpital Bichat (Paris), j’ai ainsi fait un stage de six mois mais rien à faire. De plus j’attrapais tout les microbes. Les professeurs m’ont conseillé de me spécialiser en médecine préventive. Chose faite je commence les cours tout en décrochant un petit poste à l’Office du Tourisme Egyptien afin de m’aider financièrement. Puis je rencontre mon futur ex mari. Résultat de moins en moins de cours, plus de sorties et plus de travail. Puis mariage, la naissance de notre fils et la vie continue.
Pour quelles raisons avez-vous choisi de représenter la destination touristique Egyptienne sur le marché Français ?
Comme je le raconte précédemment, le travail à l’Office du Tourisme d’Egypte était une coïncidence dans ma vie. Au début, j’étais à l’accueil, au secrétariat, je donnais des renseignements, même le café aux visiteurs. Tout se passait bien car j’ai la chance d’avoir un contact facile avec les gens. Petit à petit j’ai compris qu’il fallait bien connaître les professionnels du tourisme pour promouvoir mon pays. J’ai pu étudier les défauts des Directeurs que le Ministère envoyait pour un mandat généralement de 4 années. Les problèmes du terrorisme avaient débuté dès le début des années 1990 et à chaque attentat je me trouvais seule face à la presse et aux professionnels, les Directeurs étant souvent en vacances. Puis un homme hors norme fut placé à la tête du Ministère du Tourisme. Il comprit qu’il ne fallait pas recruter des Directeurs au sein du Gouvernement mais en dehors du Gouvernement Egyptien. C’est ainsi que j’ai pu faire un stage suivi d’un concours afin d’accéder à la fonction de Direction. Seulement il fallait passer par un autre pays avant de prendre la tête du bureau parisien. J’ai alors été nommée au Benelux. Et l’aventure débuta !
Au bout de quatre ans, j’ai placé le marché du Benelux dans le top 10 des marchés émetteurs du tourisme vers l’Égypte et ce à tel point qu’une année il dépassait le marché français en nombre de touristes.
Grâce à ces résultats, j’ai été mutée en France tout en conservant le Benelux. C’était en septembre 2003. J’ai passé 2 années de folie à m’occuper des 4 pays. Il y a eu des jours où je me réveillais ne sachant plus où j’étais. Le marché français étant beaucoup plus difficile que les 3 marchés, j’ai demandé de lui consacrer tout mon temps.
Je suis passée par des hauts et des bas durant 11 années de travail acharné. Une année de crise, une année de reprise commençant par la chute du vol de Flash Airlines en 2004 jusqu’à la Révolution de janvier 2011. En 2010 la France avait réalisé un score jamais atteint de 650 000 touristes en Egypte moins tous les vols annulés à cause de l’éruption du volcan islandais. Cela représentait environ 70 à 80 000 touristes supplémentaires. Tout était en route pour arriver à 1 million en 2011. Mais ce ne fût pas le cas. La chute libre débuta avec le printemps arabe. Connaissant la mentalité des français je ne pensais pas que la chute serait aussi rude. Hélas ils étaient les premiers à se rétracter et je crains qu’ils soient les derniers à revenir.
Pourtant j’ai tout tenté ces dernières années, j’ai noué des liens avec des journalistes politiques en invitant des parlementaires, des VIP… jusqu’à la rencontre avec le Président Abdel Fattah al-Sissi. Tout cela a fini par me rendre malade alors j’ai demandé à quitter mes fonctions étant à l’âge de la retraite égyptienne. J’ai été soulagée.
Quelles sont vos plus belles réussites en tant que Directrice de l’Office du Tourisme d’Egypte ?
J’ai connu des moments de joie intense pendant ces années :
- La médaille d’or du tourisme en 2006,
- La réussite dans tous les marchés ou j’ai travaillé,
- La demande d’être Ministre à 2 reprises que j’ai gentiment décliné,
- Les congrès et voyages que j’ai organisé et qui étaient couronnés de succès,
- Et surtout l’amitié et l’amour que j’ai gardé pour les professionnels du tourisme et qui me le rendent si bien.
Avez-vous un message à faire passer au grand public qui hésite à voyager en Egypte suite au printemps Arabe ? Puis un message à transmettre aux professionnels du Tourisme ?
Je sais que les français ont encore peur de voyager dans les pays arabes et si ce n’est pas eux c’est celle de leur entourage. Je peux vous dire que je passe mes hivers en Egypte. Je me promène partout, de l’oasis de Sioua à Sharm El Sheik, de Gouna à Sokhna, de Louxor à Assouan. Tout est normal. Au Caire je sors tout le temps, rien à signaler comme à Paris.
Je tire mon chapeau à mes amis qui continuent de proposer la destination Egypte. Notamment Jean François Rial chez Voyageurs Du Monde et Mohamed Salem chez Voyages de Pharaon qui vendent des produits haut de gamme et qui malgré ces temps difficiles ont du succès. Emmanuel Foiry chez Kuoni, le Tour-Opérateur généraliste le plus spécialisé sur l’Egypte. Mais aussi Patrick Abenin chez Travel Evasion qui a toujours cru en la destination et Ans Westerhoven chez Air Masters qui depuis très longtemps consacre son temps et son énergie à faire voler des millions de passagers vers l’Egypte. Mais aussi La Française Des Circuits que j’ai découvert par hasard sur un marché dans le Gers vendu par une très bonne commerciale. Je dois aussi rendre hommage à tous mes amis des Confédérations, Associations, Réseaux qui m’ont toujours soutenu lors de ma carrière et qui n’ont pas hésité à organiser des manifestations et des congrès en Egypte.
Je vous remercie tous et espère vous voir de nouveau en Egypte ! Pourquoi pas lors d’un congrès pour relancer la destination.