De passage à Bordeaux, j’admire la place de la Bourse.
Je cite Victor Hugo : Cette place Royale qui est tout simplement une moitié de place Vendôme, posée au bord de l’eau.
Une première perspective
Cet ensemble monumental comprenant l’hôtel de la Bourse et l’hôtel des Fermes a été construit d’après les plans dressés en 1728 par l’architecte Jacques Gabrie lV, cousin de Hardouin Mansart et futur premier architecte du roi, et par son fils Ange Gabriel à partir de 1745.
Cet ensemble architectural, exemple idéal et original de place royale destinée à servir d’écrin à la statue équestre du roi de France, est constitué de deux grands édifices bâtis à l’angle du quai et reliés par des pans coupés à deux façades encadrant un hôtel central isolé sur trois cotés.
C’est une architecture à la française avec au rez-de-chaussée de hautes arcades englobant l’entresol, deux étages, un attique, un entablement et des combles brisés recouverts d’ardoises. Les façades sont flanquées d’un ordre colossal de pilastres pour les bâtiments, d’un ordre colossal de colonnes pour les pavillons d’angle et le pavillon central. Les deux frontons de la Douane, ancien hôtel des Fermes, ont été sculptés par Van der Woort. Les deux frontons, à l’angle de la place et du quai, sont l’œuvre de Claude Francin.
La fontaine des « Trois Grâces » en bronze et en marbre qui orne le centre de la place est l’œuvre de Alphonse Gumery assisté du sculpteur Amédée Jouandot d’après les dessins de Ludovico Visconti. Inaugurée en 1869, elle remplace une statue équestre en bronze de Louis XV, chef d’œuvre de Jean-Baptiste Lemoine inaugurée 1743 et fondue au moment de la Révolution. Les trois Grâces, filles de Zeus portaient les noms de Thalie, Aglaé et Euphrosyne.
La place de la Bourse a fait l’objet d’une requalification urbaine globale en 2004, dans le cadre du réaménagement des quais et de l’installation du tramway.
Livrée à la déambulation piétonne, la place a retrouvé un pavage traditionnel. Des candélabres classiques, respectant l’esprit d’origine, ont été installés et la fontaine des Trois Grâces a retrouvé sa place centrale après une importante restauration.
La station et la plate-forme du tramway ont été insérées en accord avec les architectes des Bâtiments de France et du secteur sauvegardé pour préserver la perspective et la cohésion du lieu.
Une seconde perspective
Au XVIIIe siècle, il a fallu 20 ans de travaux pour réaliser l’emblématique place de Bordeaux ! Ici commence l’effacement du Bordeaux médiéval enfermé dans ses murs depuis des siècles. Enfin, Bordeaux libérée !
Depuis 1720, l’Intendant Boucher œuvre auprès des jurats et du parlement pour créer une place royale et ouvrir enfin la ville-forteresse. Son choix de s’assurer les services de Jacques Gabriel, Premier Architecte du Roi Louis XV, sera décisif : cette place rectangulaire à pans coupés, aux façades ornées de mascarons et de ferronneries s’impose pour engendrer la ville classique.
L’Hôtel des Fermes construit par Gabriel père, puis l’Hôtel de la Bourse par Gabriel fils et le pavillon central isolé qui brise définitivement la « muraille », (1735-1755) compose cette place royale.
A l’origine, elle était séparée du fleuve par des grilles qui tombent à la Révolution. En son centre, la statue équestre du roi est remplacée par celle éphémère de Napoléon, elle-même remplacée par la Fontaine des 3 Grâces dès 1869… le succès de celle-ci ne connaît aucune limite, c’est la plus photographiée de la ville par les touristes venus du monde entier, depuis le fameux Miroir d’Eau !
Je vous invite à vivre l’expérience et découvrir la ville de Bordeaux !
Une spéciale dédicace au GCA Laurent Lherbette et au GDA Julien Sabéné.