Il y a des métiers qui ne sont pas de tout repos. Les infirmiers de nuit des établissement publics de santé spécialisés en santé mentale sont un exemple. Ils font partie d’un maillage. Miss Konfidentielle s’intéresse à ce maillage, sans forme de jugement, dédié à ces hommes et ces femmes qui se voient pris en charge par le milieu hospitalier afin de trouver au mieux le chemin vers un équilibre psychologique.
Rodet Tshilumbay Muila s’exprime sur son métier
Au cœur de la nuit
Pour les infirmiers de nuit, l’activité démarre à 21 heures par les transmissions avec les collègues qui ont travaillé la journée. Toutes les informations utiles sont échangées sur les comportements, sur les entretiens formels ou informels, et plus globalement sur les relations des soignants avec les patients. Après des échanges oraux, les infirmiers de nuit complètent leur connaissance des événements de la journée grâce à un logiciel dédié. « Un seul collègue assure les transmissions orales. Il peut oublier un point important » témoigne Rodet Tshilumbay Muila, infirmier de nuit à Bondy.
Vient ensuite le temps de la préparation des traitements, la distribution de la dernière cigarette et le passage de chambre en chambre. « Nous en profitons pour nous assurer que les volets sont baissés et que toutes les portes donnant vers l’extérieur sont bien fermées. Puis nous nous rendons dans les chambres d’isolement. Un système d’ouverture de fenêtre fixé sur la porte permet d’évaluer si le comportement d’un patient est ou non dangereux. Si nous avons un doute, nous appelons du renfort », poursuit Rodet Tshilumbay Muila.
Au cœur des confidences
Des rondes sont systématiquement organisées à minuit, trois et six heures. « Auparavant, des vitres nous permettaient de vérifier de l’extérieur que tout allait bien mais par respect de l’intimité du patient, elles ont été supprimées. Nous devons donc ouvrir les portes pour nous assurer que le patient dort ou qu’il respire normalement… S’il est éveillé, nous échangeons avec lui et nous lui proposons éventuellement un traitement pour faciliter son endormissement ». Chaque nuit est rythmée par des demandes diverses : changer les draps en cas de « pipi au lit », calmer un stress lié à l’absence de cigarettes ou à toute autre cause, manger des petits gâteaux ou des compotes pour apaiser la faim…ou l’angoisse. Jusqu’au lever du jour.
A sept heures, les infirmiers de nuit attendent à leur tour leurs collègues pour effectuer les transmissions et restent évidemment présents jusqu’à leur arrivée, et même jusqu’à ce que l’effectif soit au complet.
Au cœur de la découverte
Rodet Tshilumbay Muila apprécie ses horaires de travail : « J’aime discuter avec les patients et nous avons davantage de temps la nuit. Nous discutons aussi beaucoup entre collègues, souvent entre 22 heures et minuit. Et si la nuit est agitée, on ne se quitte pas. La journée, je peux aussi profiter davantage de ma famille. » La psychiatrie est par ailleurs une discipline qu’il aime… de plus en plus. « Au début, les jeunes très agités me faisaient un peu peur mais j’ai bénéficié de bonnes formations et aujourd’hui j’adore cet univers. Les malades psychiatriques sont des patients comme les autres. Ils ont juste davantage besoin de nous en raison de leurs difficultés. » Rodet Tshilumbay Muila développe aussi des idées pour optimiser les conditions de travail et de sécurité des soignants : « pourquoi ne pas créer par exemple un support permettant de mesurer la dangerosité de certains patients sur le modèle de l’échelle de lutte contre la douleur ? »
Un remerciement à Daniel PINEDE et Nicolas ESTANO, CRIAVS (Centre Ressources Préventions et Traitements des Violences Sexuelles Pôle Est Ile-de-France), de permettre à Miss Konfidentielle d’apprendre à leurs côtés. Un grand privilège.
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