Dans son classement des 100 premières destinations mondiales 2021, le Time Magazine met à l’honneur les nouvelles « Galeries Léonard de Vinci peintre et architecte » inaugurées en juin dernier au Clos Lucé.
Comme chaque année le célèbre journal new-yorkais le Time Magazine a sorti dans son numéro du 2 au 9 août son classement des 100 plus belles destinations à visiter dans le monde. Dans la liste, à côté de la Bourse de commerce de Paris qui abrite désormais la Collection Pinault, l’écomusée sous-marin de Cannes et ses statues monumentales immergées de l’artiste Jason de Caires Taylor, il y a aussi le château du Clos Lucé, à Amboise et plus largement les trésors de la vallée de la Loire.
« Ce classement récompense et consacre la reconnaissance de notre travail de valorisation du patrimoine universel et vivant du Clos Lucé depuis son ouverture au public il y a 67 ans par notre famille » souligne François Saint Bris l’actuel directeur de cette magnifique propriété où vécut et mourut le très vénéré Léonard de Vinci.
Mais ce qui a manifestement conquis l’hebdomadaire américain, ce sont les nouvelles galeries numériques du domaine. Dans un espace immersif de 500 m2, une galerie d’art virtuel permet de découvrir au rez-de-chaussée d’une ancienne usine textile réhabilitée, les 17 chefs-d’œuvre de la peinture du virtuose et humaniste italien. En 1516, à plus de 60 ans, Léonard est appelé en France à l’invitation de François 1er et s’installe à Amboise où ses restes présumés reposent encore aujourd’hui dans la chapelle Saint-Hubert du Château royal qui surplombe majestueusement la Loire. Il apporte avec lui la Joconde dont il n’a jamais voulu se séparer, mais il la cède bientôt au jeune monarque. Léonard de Vinci qui a officiellement trois titres, ingénieur, peintre et architecte a carte blanche.
Le souverain de 20 ans lui aurait d’ailleurs fièrement annoncé à son arrivée « Léonard, tu es libre de rêver, de penser, de travailler comme tu l’entends ». Pour cela, il est doté par le roi d’une belle rente de 1000 écus d’or, soit l’équivalent du salaire du capitaine de la garde royale. Au Manoir du Cloux (aujourd’hui le château du Clos Lucé), il va pouvoir au crépuscule de son existence laisser libre cours à son imagination débordante. Il s’y éteint en 1519.
Parcours pédagogique
Le spectacle des nouvelles galeries virtuelles offre justement depuis quelques semaines aux visiteurs les clefs de compréhension du processus créatif de l’artiste, du dessin préparatoire à la peinture finale. En un seul regard, tout l’héritage pictural du maître s’offre à nos yeux.
La réunion en une seule galerie des trésors du Louvre, de la Galerie des Offices de Florence, des musées du Vatican, de la National Gallery de Londres, de la Pinacothèque de Munich, du Musée National de Cracovie, de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, de la National Gallery de Washington, constitue une nouvelle approche et une plongée inédite dans l’œuvre de Léonard de Vinci.
Placé au centre du dispositif de projection, le visiteur est invité sur une musique de Jordi Savall à un voyage immersif pour contempler le legs pictural et esthétique de l’artiste. Les correspondances des visages, des sourires et des mains, la perspective, le sfumato (technique picturale qui donne au sujet des contours imprécis au moyen de glacis ndlr), la Cène et les horizons bleutés des paysages de ses tableaux se mêlent dans une ronde poétique et fascinante.
A l’étage, un parcours pédagogique avec des maquettes, des animations 3D et des jeux vidéo est dédié à Léonard architecte. Ce cheminement pédagogique et ludique permet de mieux appréhender tout l’univers du savant visionnaire architecte civil, religieux et militaire, urbaniste et metteur en scène de spectacles éphémères. Cette galerie met en lumière sa passion pour les mathématiques et la géométrie dans l’espace. Des maquettes grandeur nature et des tables digitales jalonnent également le parcours.
Cité idéale de Romorantin en 3D
La deuxième aile du bâtiment propose au rez-de-chaussée des ateliers scientifiques et techniques, dédiés aux quelque 50 000 scolaires qui en moyenne visitent chaque année le site. Ces ateliers ont été conçus, à l’origine, en partenariat avec la Cité des Sciences et le Palais de la Découverte. Des médiateurs proposent aux élèves des manipulations à partir des inventions de Léonard de Vinci.
Au premier étage, une salle multimédia expérimentale, utilisant les technologies de réalité virtuelle et augmentée, le motion design, propose le survol sur des machines volantes du Palais Royal de Romorantin reconstitué en 3D. Cette salle multimédia, est d’ailleurs plus particulièrement dédiée à la Cité idéale de Romorantin dont la modélisation numérique permet d’imaginer les intuitions du Maître toscan.
« Les détails font la perfection, mais la perfection n’est pas un détail » disait à qui voulait bien l’entendre Léonard de Vinci. A l’orée du 16esiècle il imagine pour la première fois dans l’histoire de la monarchie française, une ville idéale à Romorantin, avec un palais digne de la magnificence de François 1er, pouvant loger le roi et sa cour. Il propose de nombreuses innovations : escaliers droits, écuries automatisées, mais surtout un quartier de maisons pour loger les courtisans dans une ville nouvelle, bordée de canaux équipés de moulins. De nombreux défis techniques sont à relever pour l’architecte qui doit détourner le Cher dans la Sauldre c’est-à-dire vaincre un dénivelé de plus de trente mètres. En 1518, l’entreprise est abandonnée, mais servira probablement de galop d’essai pour la construction du futur château de Chambord.
Réhabilitation d’un bâtiment industriel
Touche-à-tout de génie, c’est aussi par le dessin de décors de fêtes et de costumes somptueux que Léonard s’illustre. Pour Louis XII et François Ier, il construit en 1509 et en 1515 plusieurs versions d’un lion automate capable de s’incliner devant le souverain et de jeter en hommage sur la foule des fleurs de lys.
Et en 1518, il met en scène, à Amboise, le mariage de Lorenzo II de Médicis et de Madeleine de la Tour d’Auvergne avec la reconstitution d’une bataille et une prise de forteresse, faisant directement référence au succès de Marignan.
Construit en 1847 par Armand Moisant, ingénieur-constructeur qui s’illustra dans de grands travaux de constructions métalliques tels que le Bon Marché, le Grand Palais ou la chocolaterie Menier à Noisiel, l’ancienne usine textile qui abrite à l’intérieur du parc ces étonnantes galeries numériques est constitué d’un grand porche avec un arc en plein cintre surmonté d’un fronton en briques et pierres. Il est flanqué de deux ailes, l’une ancienne qui vient d’être rénovée, l’autre contemporaine, traitée en voile de béton, acier et verre transparent. Sa réhabilitation a été confiée à l’issue d’un concours d’architecture au prestigieux Atelier d’architecture Chaix & Morel et Associés. L’agence propose une architecture à l’élégance sobre et transparente, une écriture épurée et lumineuse résolument contemporaine.
« Nous avons décidé de redonner une seconde vie à ce bâtiment industriel, fleuron de l’industrie textile d’Amboise. Cette aventure a duré quatre ans et a nécessité le concours d’une soixantaine d’entreprises et d’artisans. Amboise est le berceau de la Renaissance française, mais il faut savoir que sous Napoléon III, il y avait pratiquement 5000 habitants qui vivaient de l’industrie textile, photographique, de l’acier et de la transformation du cuir. Tout cela grâce à l’Amasse qui est un affluent de la Loire et qui se jette en aval d’Amboise » rappelle François Saint Bris.
Parc culturel Leonardo da Vinci
Une charpente métallique restaurée supporte désormais une grande verrière en sheds (toiture en dents de scie formée d’une succession de toits à deux versants de pente différente ndlr), propre aux anciens ateliers industriels du XIXème siècle, orientée au Nord-Est, laissant pénétrer une lumière zénithale naturelle.
Sous la direction artistique du Clos Lucé, la scénographie, signée Arc-en-Scène, s’appuie sur les technologies numériques, les scénarii immersifs et les dispositifs de réalité virtuelle et augmentée pour apporter un regard neuf sur les créations de Léonard et les mettre en scène dans un univers virtuel.
Dans le Parc culturel Leonardo da Vinci de 7 hectares du Clos Lucé, des machines fabuleuses, inventions prémonitoires de Léonard de Vinci, les toiles géantes translucides et des bornes sonores, complètent divinement la découverte du domaine.
Informations pratiques :
Château du Clos Lucé – Parc Leonardo da Vinci – 2 rue du Clos Lucé – 37400 Amboise
Tél : + 33 (0)2 47 57 00 73 mail : infos@vinci-closluce.com Site : www.vinci-closluce.com
- Les horaires
Ouvert toute l’année (sauf le 25 décembre & le 1er janvier)
Janvier: 10h-18h. Février à Juin : 9h-19h. Juillet à Août : 9h-20h.
Septembre à Octobre: 9h-19h. Novembre à Décembre : 9h-18h
Le parcours « paysager » est présenté dans son intégralité du 1er avril au 15 novembre 2021.
Accès aux barques : juillet et août : 13h-19h
- Pour les amoureux de l’histoire et du beau verbe
Carol Geoffroy guide conférencier du Clos Lucé
Tél : 06 51 86 11 82 et 06 33 51 58 18.
- Pour se restaurer au Clos Lucé dans une ambiance Renaissance avec des valets, maître queux et marmitons en costumes d’époque : L’Auberge du Prieuré
Des recettes inspirées de la Renaissance : poularde confite au bon vin d’Amboise, gastiau de courges au carvi, aumônière de saumon au basilic et trédura de poireaux … A partir de 25€ pour les adultes et 17€ pour les enfants. Informations et réservation : 02 47 57 69 01 ou sieur.sausin@gmail.com