Le 23 janvier 2021 – Miss Konfidentielle est ravie de vous présenter Cyril Neveu, un homme de courage et de conviction, sensible et bienveillant. Qui a des rêves et sait oser !! Il est formidable de rencontrer de belles personnes et Cyril Neveu en est une. Alors ne tardons pas, partons à la découverte de son parcours de vie, de ses projets et de sa vie familiale.
Bonjour Cyril,
A vous connaître… Votre papa, le général Hervé Neveu, est votre héros
Je suis heureux que nous commencions par parler de mon papa.
Vous avez tout à fait raison, j’ai un héros, c’est mon papa.
Petit déjà, j’étais fier, j’adorais quand il venait me chercher à l’école en tenue.
Puis très fier de le voir promu général en 2004 notamment au regard du milieu d’où il venait. D’autant qu’à l’époque, il n’y avait, si je ne me trompe, qu’une trentaine de généraux en gendarmerie.
« Mon père, ce héros au sourire si doux.. » écrivait Victor Hugo, est resté très simple et sa simplicité m’a toujours guidé. Il n’a jamais changé même lorsqu’il occupait des postes prestigieux comme celui de numéro 2 de la Garde Républicaine et qu’il était sous les ors de la République (Elysée).
Je lui dédie un blog par amour et respect.
Je n’oublie pas ma maman car « derrière chaque grand homme se cache une femme qui l’inspire », comme le chante si bien Grand Corps Malade dans la chanson « Mesdames ».
Ils se sont beaucoup occupés de moi, étant né prématuré, et ils n’ont jamais cessé.
Pour quelle raison évoquez-vous votre naissance prématurée ?
Le fait que je sois né si tôt a déterminé ce que je suis devenu, ce que je suis aujourd’hui.
Pour vous expliquer, sans vouloir me faire plaindre, et bien au contraire, je suis né avec une maladie génétique invalidante : le SED (Syndrome d’Ehlers-Danlos) encore peu connue aujourd’hui et contre laquelle, il n’y a aucun remède.
Cette maladie m’a permis de comprendre, tout petit, que j’avais la chance d’être en vie, car naître à 6 mois de grossesse en 1974 avec ce type de maladie, autant vous dire que ce n’était pas gagné (sourire).
Alors lorsque vous considérez qu’être en vie est une chance merveilleuse, tout est possible.
Tout est envisageable. Autrement dit, on n’a rien à perdre.
C’est ainsi que j’ai construit ma vie. Sans détour, en me dirigeant vers mes souhaits.
Ils se réalisent, très bien ! Ils ne se réalisent pas, cela n’est pas grave car je suis en vie.
J’ose les choses et cela m’aide énormément à avancer même si il y a de la souffrance physique quotidienne et que j’ai souvent besoin d’être couché.
Je ne sais pas si vous comprenez ce que j’exprime…
Naître avec un handicap peut s’avérer être une chance lorsqu’on l’a décidé. C’est une belle leçon de vie que vous nous donnez là dès le début de notre entretien
Je n’ai pas de mérite. C’est juste un choix et de toute façon on n’a pas le choix, il faut faire avec !
Pour en revenir à mon enfance. Je suis né à Poitiers en 1974 d’une maman pied-noir dont les parents habitaient à l’époque Poitiers, et d’un papa originaire de Pordic, et non Pornic (sourire), dans les Côtes-d’Armor. Ils se sont rencontrés à l’époque où mon papa étudiait à l’EMIA. L’École Militaire Inter Armes est une des écoles de l’Armée de terre française, basée à Saint-Cyr, chargée de former des officiers issus du recrutement interne.
Nous sommes cinq enfants. Dans ma famille, il n’y a pas que mon papa qui est gendarme. Ma grande sœur est Adjudante en gendarmerie à Rennes et mon grand frère est Lieutenant-Colonel en gendarmerie à Cherbourg… une histoire de famille (sourire).
Quel a été votre parcours professionnel ?
Après avoir passé le Bac ES, j’ai suivi une formation à l’IUT de Quimper. C’était, dans les années 90, un nouveau cursus, celui de l’alternance Fac-Entreprise sur le thème « Techniques de commercialisation ». J’avais décroché mon alternance dans une agence du Crédit Agricole en Ille-et-Vilaine.
Suite à mon diplôme, le Crédit Agricole m’a embauché et j’y ai travaillé 22 ans !
Une très belle expérience. Je suis d’ailleurs resté en contact avec de nombreux collègues.
J’ai commencé, 4 ans en tant qu’agent d’accueil.
Puis 4 années comme téléconseiller au centre d’appel (appelé le Centre de Relations Clients).
J’ai changé de service et passé 4 ans en tant que conseiller clientèle dédié aux particuliers, hors département ou expatriés.
Puis revenu au Centre de Relations Clients où j’ai été manager pendant 10 ans.
Ce dernier poste était passionnant sur le plan humain. J’ai accompagné, fait grandir, orienté mes équipes. J’ai adoré ! J’ai d’ailleurs été tuteur d’une petite dizaine d’apprentis en licence « Banque et Assurances» et donné des cours à l’IUT à des personnes en situation de handicap : une expérience passionnante et enrichissante.
Puis ma santé s’est sérieusement détériorée, à cause de cette maladie, mon SED, pour finalement être mis en invalidité niveau 2.
J’ai quitté le Crédit Agricole officiellement le 1er janvier 2017 avec tristesse mais bien entouré, c’était touchant.
Il est important de rappeler qu’il n’y a pas encore si longtemps, on ne voyait pas de personnes en fauteuil roulant dans les entreprises.
Les choses ont un peu évolué et c’est très bien, même s’il y a encore beaucoup de progrès à faire.
Je souhaite saluer les personnes qui m’ont soutenu dans mon parcours au Crédit Agricole.
Je pense à Robert Lenouvel qui m’a donné ma chance en m’embauchant après l’IUT; à Romuald Le Masson qui est mon « Mentor », qui m’a fait confiance en me permettant d’évoluer grâce, notamment, à des formations internes (carte professionnelle d’assurance, le CETCA 1 et 2), à Jean-Pierre Gueguen (parrain de ma fille), Gwendal Chouaran et Xavier Renault qui sont devenus des amis précieux… J’ai gardé de nombreux amis, mais ne peux et ne veux pas les citer de peur d’en oublier (clin d’œil).
Quelles sont vos occupations aujourd’hui ?
J’ai quatre occupations.
Le Crédit Agricole, l’association Mille et un sourires, une fonction à la Mairie de ma commune et la Gendarmerie nationale auprès de laquelle, je suis force de proposition.
Comme je vous le disais précédemment, j’étais triste de quitter le Crédit Agricole, surtout pour des raisons indépendantes de ma volonté.
Alors j’ai été très heureux lorsque j’ai été rappelé, et cela s’est fait rapidement, pour me voir proposer un poste d’administrateur (bénévole).
J’ai accepté de suite… Je remercie d’ailleurs Olivier Auffray, le Président du Crédit Agricole d’Ille-et-Vilaine pour sa confiance.
L’association Mille et un sourires est bretonne. Elle vient en aide aux enfants malades, handicapés et en fin de vie, ainsi qu’à leurs proches.
On m’a aidé alors je me suis dit, lorsque l’on m’a proposé d’être membre actif, que c’était bien d’aider les autres à mon tour, un juste retour des choses.
C’est ainsi que j’ai participé à l’organisation d’un concert caritatif.
J’ai fait des visites d’enfants malades dans des hôpitaux avec des footballeurs du Stade Rennais, visité des familles d’enfants handicapés pour écouter leurs attentes et contribuer à les aider financièrement lorsque l’association peut se le permettre (exemple : participer un peu à l’achat d’un ascenseur).
Je me suis beaucoup occupé d’achats de matériels de puériculture, de jeux… pour les hôpitaux, rien de médical.
Nous faisons cela pour quatre hôpitaux bretons, deux à Rennes, un à Lorient et un à Saint-Brieuc. Vivant à Parthenay de Bretagne à côté de Rennes, il est cohérent que j’apporte d’abord mon aide en local.
Je suis allé à plusieurs reprises dans des collèges pour sensibiliser les enfants au handicap : c’est important je pense, l’ouverture à l’autre.
Nous sommes malheureusement contraints de ralentir nos actions du fait de la crise sanitaire.
Pour autant, nous les poursuivons au mieux. Nous réalisons, en temps normal (sans mode COVID-19) des rêves chers aux enfants que nous accompagnons : rencontrer des artistes ou faire un tour dans une voiture de sport sont des exemples de rêves que nous avons concrétisés.
La première adjointe à la Maire de Parthenay de Bretagne m’a sollicité pour un poste de conseiller municipal.
J’ai tout d’abord décliné pensant que je manquerai de temps.
Finalement j’ai accepté et j’ai bien fait.
Je suis ravi d’être conseiller délégué à l’accessibilité et la sécurité. Cela se passe bien et je suis content de me sentir utile.
Mon père a intégré la Gendarmerie nationale à Narbonne en 1978 et grâce à lui, à son parcours, j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de monde, dans le milieu militaire, et aussi politique.
Bien plus tard, j’aurai l’honneur de rencontrer le général Richard Lizurey et le général Christian Rodriguez que vous avez interviewés : j’ai d’ailleurs aujourd’hui, le privilège de compter ces deux grands hommes parmi mes amis. Et ce grâce au général Daniel Leimbacher, mon tonton de cœur et chef emblématique des Forces Aériennes de la Gendarmerie Nationale (FAGN), parti, il y a bientôt 2 ans, mais toujours dans mes pensées.
Depuis ces deux belles rencontres en 2018, j’ai intégré le 21 juin 2019 la réserve citoyenne de la Gendarmerie nationale lors d’une cérémonie présidée par mon ami, le général Alain Pidoux.
Voulant m’investir pour les autres et notamment pour les gendarmes blessés ou touchés par le handicap et au vu de mon expérience voire de mon expertise dans ce domaine, j’ai osé proposer mon aide au DGGN, le général Christian Rodriguez qu’il a acceptée.
Mission Accompagnement du Handicap – Quelle est votre feuille de route au sein de la Gendarmerie nationale ?
Je suis très heureux d’avoir intégré la réserve citoyenne et de me lancer dans cette mission supervisée par le Lieutenant Colonel Grégoire CHARLE, un homme d’exception totalement tourné vers les autres et très pointu sur les sujets du handicap. Une personne à connaître, je vous le conseille.
C’est un honneur d’avancer à ses côtés. Fort de mon expérience personnelle et professionnelle, je peux lui apporter mon regard de personne handicapée. Je connais, pour les vivre ou les rencontrer au travers de mon association, les contraintes quotidiennes liées au handicap, et je peux vous dire que cela vaut tous les diplômes.
Mon rôle est d’aller à la rencontre de gendarmes blessés dont les séquelles relèvent de situations de handicap afin de discerner les enjeux d’accompagnement.
J’avance sur ce projet également avec le général Olivier KIM que vous connaissez, Commandant des Réserves et Secrétaire général de la Réserve citoyenne, ainsi que le général Armando De Oliveira, Directeur des personnels militaires de la gendarmerie.
Je serai ravi de vous tenir informée ainsi que vos lecteurs de nos avancées.
Je souhaite réussir ma mission pleinement et je donnerai tout ce que j’ai pour faire au mieux.
En attendant, je peux partager avec vos lecteurs le visuel de l’écusson Mission Accompagnement du Handicap qui vient d’être créé. Et vous inviter à suivre notre compte LinkedIn Mission Accompagnement du Handicap
Souhaitez-vous partager votre plus grand rêve ?
J’aurais été honoré d’avoir le statut temporaire de militaire afin de pouvoir porter occasionnellement la tenue, chère à mon cœur.
Sauf qu’aujourd’hui seulement deux réserves permettent cela.
La réserve opérationnelle et la réserve de spécialistes dans laquelle exerce mon ami, le Colonel François Cazals.
Pour accéder à ces deux réserves, il est indispensable d’avoir un accord médical favorable. La réserve opérationnelle est de toute façon à oublier et la réserve de spécialistes, même si ceux-ci ne vont, pour la plus part, pas sur le terrain, est à oublier également.
Donc cela reste un rêve… Mais c’est important d’oser rêver !
Vous êtes bien occupé… Que faites-vous du temps restant ?
Je passe du temps en famille, avec ma femme Sophie et mes deux enfants, Martin et Suzie.
J’ai la chance d’être marié depuis 17 ans et d’avoir fondé une famille malgré l’avenir qu’on me prédisait.
Ma famille est mon moteur vous l’avez compris. Sans elle, je pense que je ne serais plus là, car même si je fais en sorte que ma maladie, mon handicap soient une force, c’est un combat de chaque instant pas tous les jours facile à mener !
Nous partageons des moments agréables, lorsque mon état de santé le permet comme jouer au foot, jouer à la console avec Martin, et regarder des films ou des séries télé, en famille !
J’aime bien les films romantiques comme Love Actually ; les films d’action, les films historiques comme Le jour le plus long parce que mes grands-mères me racontaient cette guerre quand j’étais jeune; les biopics comme Ray ou encore les séries S.W.A.T, Engrenages, La servante écarlate…
J’adore aussi passer du temps avec mes amis, mes copains autour de bons repas, discuter… c’est important voire primordial pour moi.
Si j’avais une passion à partager, ce serait celle des voitures, je suis un fan, avec une préférence pour la Porsche 911.
Un nouveau venu s’est installé chez vous avec une bonne bouille…
Oui ! Un chiot labrador chocolat !
Rosco est arrivé le 22 janvier à la maison pour le bonheur de tous.
Une boule de poils craquante. De quoi nous occuper !
Des moments partagés très agréables Cyril. Plein de succès dans vos projets et de joie en famille avec Rosco. Surtout ne changez pas.
Note importante
Il est obligatoire d’obtenir l’autorisation écrite de Valérie Desforges, auteur de l’interview, avant de reproduire tout ou partie de son contenu sur un autre media.
Copyright des photos publiées dans l’interview : © Cyril Neveu
Légendes des photos qui défilent en tête de l’interview (gauche à droite) :
1. Cyril Neveu soutient son papa, le général Hervé Neveu le jour de son adieu aux Armes le 23 avril 2004
2. Cyril Neveu devant le Crédit Agricole de Belgrade avec son ami et ancien chef Romuald Le Masson
3. Cyril Neveu et l’équipe de l’association 1000 et un Sourires intégrée en mars 2017
4. Général Hervé Neveu, général Richard Lizurey, Cyril Neveu, général Daniel Leimbacher
5. Christophe Castaner, Cyril et Martin Neveu, général Christian Rodriguez aux Invalides lors de l’hommage aux morts le 17 février 2020
6. Valéry Giscard d’Estaing et Cyril Neveu à Reims en août 2015
Photo en fin d’interview : Rosco
Chapeau bas, M Cyril NEVEU.
Bravo. Franc, simple, droit, «bien dans ses bottes». La vie nous réserve ses lots de bons et mauvais moments. Vous êtes remotivant, par la force de vie que vous dégagez. Merci.