Miss Konfidentielle fidèle au Musée Guimet (MNAAG) depuis 30 ans était ravie de célébrer le 21 novembre 2019 son 130e anniversaire lors d’une soirée de festivités. Le musée a gardé l’esprit inventif et la fraicheur d’âme de son fondateur Émile Guimet (1836-1918) sur le thème « Souffle et énergie au cœur ». Le musée, fondé à l’origine sur l’expérience de découverte, l’intelligence des œuvres et la diversité des approches artistiques, continue au 21e siècle d’entretenir le goût et la curiosité pour une Asie qui d’hier à aujourd’hui est toujours porteuse d’innovation.
Du 4 décembre 2019 au 9 mars 2020, le musée expose » L’étoffe des rêves de Lee Young-hee. Séoul-Paris « .
Considérée par son pays comme la plus grande figure de la mode coréenne, LEE Young-hee (1936-2018) était une exceptionnelle créatrice qui a su propulser l’image de la Corée moderne et décomplexée sur la scène internationale. Puisant son inspiration dans le vêtement traditionnel des femmes coréennes, le hanbok, son art s’épanouit dans une modernité sans cesse renouvelée passant de la parfaite maîtrise des formes traditionnelles aux figures aériennes d’un hanbok libéré. Le musée national des arts asiatiques – Guimet a reçu en 2019 la donation exceptionnelle de 1300 pièces, issues du fonds des textiles de LEE Young-hee, dont de nombreux accessoires, et devient ainsi le récipiendaire de la plus importante collection au monde de textiles coréens en dehors de la Corée. L’institution lui consacre cet automne une exposition rétrospective conçue à partir de textiles anciens, d’accessoires et de quelque 75 pièces de Haute Couture.
Le parcours revient sur trois domaines essentiels et complémentaires de la création de LEE Young-hee : ses recherches consacrées au vêtement coréen traditionnel, sa création de hanbok modernes – mettant en avant le soin infini qu’elle apporte aux matières, aux teintures et aux détails –, enfin sa création Haute Couture – par laquelle elle a porté la mode de son pays sur la scène mondiale. Une place particulière est réservée aux « costumes de vent », hanbok en organza de soie coloré, fluides, légers, au drapé versatile, qu’elle a débarrassés de la traditionnelle veste courte pour mieux les faire entrer dans la garde-robe des femmes d’aujourd’hui.
Le vêtement coréen devient rapidement une passion qu’elle approfondit par des recherches historiques menées avec l’universitaire SEOK Ju-seon, spécialiste reconnue de l’histoire du costume. Elles s’attèlent ensemble à reconstituer minutieusement les vêtements d’après les peintures des rouleaux dépeignant les cérémonies de cour. Les costumes des officiels préservés de l’époque Choson (1392- 1910), plus encore les costumes de cour, sont d’une extrême rareté. LEE Young-hee met alors en place un processus de «recréation» de ces pièces; son travail s’alimente également de la collection de pièces, textiles et accessoires anciens, qu’elle rassemble tout au long de sa carrière.
Sur fond de changements politiques en Corée, le dynamisme économique et l’ouverture du pays en 1988, au moment des Jeux olympiques de Séoul, produisent une évolution singulière et radicale de son travail. Elle se sent investie d’une mission : faire connaître le hanbok à l’étranger, le faire entrer dans le monde de la mode afin qu’il ne soit plus considéré comme un simple héritage de traditions passées.
En 1993 LEE Young-hee est la première Coréenne à présenter une collection de prêt- à-porter à Paris. Jusqu’en 2004 elle y défilera à plus de vingt reprises à l’occasion de la Fashion Week. En 2010, elle revient à Paris pour présenter sa première collection Haute Couture, qui sera suivie de deux autres, en 2012 et 2016.
À Paris comme à New York, elle présente ses « étoffes de vents et de songes », explorant tous les matériaux traditionnels (ramie, soie), expérimentant de nouvelles compositions à base de fibre d’ananas et de soie, jouant avec les effets de transparences et de matières rugueuses. Son vocabulaire varié librement inspiré de la combinaison traditionnelle d’une ample robe s’élargissant sous la poitrine et d’un court boléro noué de rubans est constamment réinventé. Raccourci, superposé, retaillé, combiné, peint, le hanbok de LEE Young-hee adopte aussi le jean et promeut la couleur intense et le noir profond. La phrase de Shakespeare « Nous sommes de l’étoffe dont nos rêves sont faits » pourrait être la devise de LEE Young-hee.
Publication : L’étoffe des rêves de Lee Young-hee. Séoul-Paris, coédition MNAAG / Éditions de La Martinière, 128 pages, 22,50 euros
Musée National des Arts Asiatiques – Guimet (MNAG)
6, place d’Iéna, 75116 Paris
Téléphone : 01 56 52 53 00