Richard Filmotte, Directeur du musée de la gendarmerie nationale, nous a ouvert les portes du musée dans le précédent article « Exposition des gendarmes et des animaux ». C’est aujourd’hui son parcours, ses actualités, sa philosophie de vie que Miss Konfidentielle vous propose de découvrir.
Racontez-nous votre parcours d’étudiant
Après un bac littéraire en 1982, j’ai débuté des études de droit à Lille II.
En seconde année, j’ai décidé de rejoindre la gendarmerie qui était mon choix de toujours.
Tout au long de ma vie professionnelle, j’ai suivi des formations en vue de compléter mon parcours initial un peu court. Je me suis ainsi enrichi de diplômes tels que celui d’officier de police judiciaire et autres formations plus ciblées « patrimoine » et « communication » : école du Louvre pour l’héraldique, parcours en communication au sein de la DiCoD et divers MOOC et au centre Morris Janowtiz – la sociologie militaire (IEP Toulouse à l’époque).
J’ai ainsi pu acquérir une expertise sur la mise à disposition des connaissances liées au patrimoine et aux traditions de la gendarmerie vers le grand public.
… il en découle un parcours professionnel qui gagne à être connu
Après onze années à la Garde républicaine, j’ai totalement changé de fonction grâce à une opportunité. En effet, la gendarmerie venait de créer son service historique (elle était la seule force armée à ne pas en avoir) et j’ai été sélectionné pour être chargé d’études sur la symbolique militaire en 1997. Une belle aventure qui marque le début d’une spécialisation qui n’existe pas en terme de carrière. J’ai pu structurer la gestion de cette matière qui consiste à homologuer les emblèmes, insignes et parfois symboles de l’institution, mais aussi les valoriser et les faire connaitre au travers de communications, expositions et ouvrages.
En 2005, j’intègre le service historique de la défense en interarmées. C’est une autre expérience qui au gré des réorganisations me voit passer la main auprès d’un camarade qui exerce toujours cette fonction et me conduit alors à réfléchir à un retour dans l’institution ! Chose faite en 2011 après avoir passé le concours pour devenir officier issu du corps des sous-officiers.
Je suis affecté en août 2011 à la délégation au patrimoine de la gendarmerie où je réalise une carte du patrimoine historique et culturel de la gendarmerie que le délégué au patrimoine de l’époque, le colonel Salvador, utilise aussi comme outil de communication et de persuasion ! Son successeur, le colonel Vedrine, féru comme moi de « numérique », me permet d’opérer une transformation sur la manière de présenter l’histoire. C’est le début de l’aventure sur les réseaux sociaux avec une page Facebook de la délégation, un nouvel intranet et surtout la création, avec une jeune gendarme adjointe spécialisée en marketing et communication numérique, de l’application smartphone et tablette « culture gend » (App Store et Google Play). Celle-ci présente l’histoire, les traditions et les lieux de mémoire de l’institution de manière dynamique. Elle est aussi participative. Lauréate des ateliers de la performance de la gendarmerie en 2016, l’application totalise à ce jour près de 6000 téléchargements et reste active sous la férue de la délégation au patrimoine.
Une mutation liée au grade se profile et cette compétence, identifiée par l’institution, me mène vers l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale (EOGN) à Melun afin d’occuper un poste nouvellement créé « officier communication du MBA management de la sécurité ». J’y travaille durant une année et y rencontre la capitaine Vanessa Demaria présentée elle aussi sur Miss Konfidentielle.
Au cours de l’hiver 2016, nouveau casting pour un retour à cette appétence devenue compétence : l’histoire. Je suis affecté à la direction du musée de la gendarmerie le 1er août 2017. Un établissement inauguré en octobre 2015, classé musée de France depuis 2011 et qui est le seul musée (juridique) de tout le ministère de l’intérieur. Ce musée dit « de société » présente l’histoire de notre institution des Maréchaussées à nos jours de façon moderne et parfois unique (la plus grande vitrine suspendue d’Europe). Le visiteur découvre comment cette institution originale accompagne l’histoire de notre pays et se transforme au gré des faits, des progrès technologiques et des évolutions sociologiques. Le musée a ses comptes Facebook et Twitter.
Le site Club Innovation § Culture France est lui aussi très intéressant. Conférences, ateliers, exposition virtuelle.. sont proposés au grand public.
Numérique, Communication, Histoire.. vous avez plusieurs cordes à votre arc. Il y en a-t’il une que vous préférez ?
Choisir c’est trancher… donc sans doute la communication mais au service de l’histoire et des valeurs de la gendarmerie. On peut aussi utiliser les outils numériques pour atteindre des publics loin du site ou présentant des handicaps. Bref, c’est plus un violon qu’un arc.
Souhaitez-vous acquérir des connaissances dans un nouveau domaine aujourd’hui ?
Je m’intéresse de très près aux techniques de médiations nouvelles ou aux outils émergents en vue d’atteindre un taux de satisfaction important chez nos visiteurs. Un musée ne doit pas être simplement un service (au vrai sens du terme) culturel. Il doit interpeller, être parfois là où on ne l’attend pas. Sans dénaturer son message et c’est là un équilibre difficile.
Sur un plan plus personnel, avez-vous des passions ?
Franchement, le musée encore jeune dans sa vie est un métier et aussi un « grignote temps ». Il est difficile de séparer le temps privé du temps public. Mais je me soigne et je tente de sanctuariser du temps pour la photo, les abbayes cisterciennes et l’histoire de la seconde guerre mondiale (dont le cycle mémoriel approche lui aussi).
Avec le recul, quelle est votre philosophie de vie ?
Je dis souvent à mes collaborateurs « pourquoi faire moyen si on peut faire bien ». J’insiste aussi sur l’investissement personnel afin de travailler avec plaisir ! Etre bien dans son travail, amène à un cercle vertueux qui profite à l’individu et au groupe donc à l’entreprise. Je tente aussi de donner le bien que je reçois, et l’humain reste l’essentiel.
Enfin, après 35 années de service, je reste convaincu que la gendarmerie est une belle institution, certes exigeante et qui rappelle souvent à chacun le sens de l’engagement, mais qui donne aussi beaucoup. Si des frustrations existent parfois, on guérit de presque tout.
Un grand merci pour votre implication, votre sincérité, sens du partage. Miss Konfidentielle vous souhaite une pleine réussite dans le développement du musée de la gendarmerie.