En mai 1918 s’éteignait Maxime Maufra, peintre post impressionniste, ami de Paul Gauguin et des disciples de Pont-Aven. Du 15 juin au 31 août 2018, la ville de Saint-Pierre Quiberon où l’artiste possédait une maison lui rend hommage en partenariat avec les descendants du peintre et expose, au sein de sa médiathèque, un grand nombre de ses toiles peintes sur la commune.
Peintre et graveur, Maxime Maufra fut l’un des grands acteurs de la vie artistique de son temps. L’artiste voit le jour le 17 mai 1861, à Nantes, où son père dirige une petite fabrique de métallurgie. Après ses études au lycée, en compagnie du futur écrivain Victor Michelet, il commence à peindre en 1879 sous la direction de deux peintres locaux : Alfred Leduc et Charles Le Roux qui l’initient à la peinture en plein air.
Le destinant aux affaires, sa famille l’envoie en 1881, en Angleterre faire un stage chez un négociant de Liverpool. Il en profite pour visiter le Pays de Galles, et surtout l’Ecosse dont les paysages grandioses et torturés l’impressionnent vivement. C’est à cette époque qu’il vouera un culte à Turner qui l’éblouit par sa peinture claire et son sens de la lumière. De retour à Nantes en 1884, Maxime Maufra se met aux affaires tout en continuant à peindre directement sur les bords de la Loire. En 1886, il participe pour la première fois au salon des Artistes français avec deux toiles « inondations à Nantes » et « Bateau de pêche en haute île ». « Ni élève ni maître de personne » comme le décrivait le critique Octave Mirbeau, cet infatigable voyageur vagabonde autour de Nantes, sa ville natale. En 1889, Maufra abandonne le commerce et décide de se consacrer à la peinture. Il parcourt la Bretagne en solitaire ; de Paimpol à Loguivy où il se lie avec Rivière, en passant par Saint Michel en Grève, Locquirec, Lannion.
Ami de Gauguin
Son amour de la peinture en plein-air l’entraîne à Pont-Aven, à la rencontre des peintres de la génération qui suit les Impressionnistes. Une jeunesse qui va bouleverser les paysages bretons de l’éclat renversant de la couleur pure. Maufra pressent qu’il se passe là quelque chose d’important pour l’histoire de l’art, c’est à lui que l’on doit cette appellation qui fera mouche : L’Ecole de Pont-Aven. Emile Bernard, Seguin, Sérusier… tout n’est que causeries passionnées et exubérante joie de peindre. Ce solitaire fraternise avec Gauguin et sera l’un des rares auquel le « sauvage » donnera son amitié pour la vie, et qui estimera son art. Un après-midi de novembre 1893, il écrit dans son journal, « j’entendis frapper à la porte de mon atelier, je criai : « Entrez » et ma surprise fut grande de voir le grand diable de Paul Gauguin paraître sur le seuil de ma porte. Coiffé d’un bonnet d’astrakan, il semblait plutôt revenir des Pôles que des Tropiques. Sans me dire un mot, il entra et regardant les esquisses accrochées aux murs et quelques études à terre le long de la muraille, il s’exclama : « Je comprends que vous défendiez mon art, Maufra, mais bien que nous suivions une voie différente, la vôtre est bonne, continuez-la. Ces paroles firent l’effet du calumet de la paix chez les peaux-rouges. Nous nous étions compris, nous devenions amis et nous devions beaucoup nous voir, se souvient l’artiste-peintre.
Bateau-lavoir
Maufra aimait les villages et la camaraderie. A Montmartre, il loue un petit atelier au Bateau-Lavoir (appelé alors la maison du trappeur), quelques années avant que Picasso ne s’y installe à son tour. A St Pierre-Quiberon dont il fait son port d’attache, il organisera nombre d’expos pour ses amis, et sera le co-fondateur en 1903 du Salon d’Automne au Petit Palais à Paris, toujours actif aujourd’hui. Il poursuit une œuvre féconde de peintre, graveur et lithographe passionné. Du 15 juin au 31 août 2018, la ville de Saint-Pierre – en partenariat avec les descendants du peintre – lui rend hommage et expose, au sein de sa médiathèque, nombre de ses toiles peintes sur la commune. En parallèle, un parcours Maufra est créé : une dizaine de lutrins représentant ses tableaux seront érigés aux endroits précis représentés sur les toiles. Ce parcours sera destiné à être pérennisé en tant que patrimoine culturel de la commune. Des événements, conférences, balades culturelles, parcours dédié, avec l’aide d’associations saint-pierroises, viendront ponctuer cet été avec Maufra. Côté papilles, deux artisans de la presqu’île, la conserverie traditionnelle La Quiberonnaise et le maître confiturier la Cour D’Orgères ont lancé deux créations inédites en créant un millésime Maufra. Cent après sa disparition, un hommage vibrant est rendu à ce grand artiste, parfois injustement méconnu du grand public, sur cette terre sauvage d’Armorique qu’il affectionnait tant.
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