Après un an de négociations avec les éleveurs, les pouvoirs publics ont arrêté mardi 12 décembre 2017 les grandes lignes du « plan loup 2018-2023 », qui assume une présence durable du prédateur sur le territoire.
Lundi soir, les agriculteurs, toutes tendances confondues, avaient annoncé qu’ils boycotteraient la concertation prévue à Lyon, refusant un plan qui, selon eux, ne leur donne pas les moyens de se défendre correctement contre le loup qui a tué près de 10.000 brebis en 2016.
Mais Stéphane Bouillon, préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes et coordonnateur au niveau national de ces discussions, a décidé de maintenir malgré tout la rencontre. Il a présenté aux associations de protection de l’environnement, qui avaient elles fait le déplacement, la dernière mouture de ce plan qui sera publié début février, après une concertation publique en janvier.
Lasses de jouer les équilibristes dans un dossier où elles ne parviendront pas à mettre tout le monde d’accord, les autorités estiment qu’il faut désormais avancer. D’autant que les agriculteurs avaient déjà pratiqué la politique de la chaise vide en septembre et multiplié les manifestations en octobre, conduisant même des milliers de brebis dans les rues de Lyon.
La philosophie du nouveau plan: construire une cohabitation efficace entre éleveurs et loups, tout en garantissant la viabilité du canidé sur le territoire.
Le loup est en effet une espèce protégée, qui avait disparu dans les années 1930, avant de revenir naturellement par l’Italie à partir de 1992. Aujourd’hui, sa population est estimée à 360 loups (+22% sur un an). Très présent dans les Alpes, il étend peu à peu son territoire et a même été vu dans la Somme.
Ce nouveau plan prévoit que les éleveurs auront le droit de procéder à des tirs de défense en cas d’attaque de leur troupeau. Les abattages sans attaque préalable (ou « tirs de prélèvement » dans le jargon) ne seront autorisés qu’après les estives, de septembre à décembre.
Il fixe pour 2018 un plafond à 40 loups abattus maximum, comme en 2017 et à l’avenir, il souhaite une approche scientifique, c’est-à-dire adapter le nombre d’abattages à l’évolution de la population, sachant que les scientifiques estiment qu’il faut au moins 500 loups pour garantir une population viable, selon la préfecture. Il ne sera pas possible d’abattre plus de 10% des loups, 12% maximum sous certaines conditions.
Autre mesure qui fâche les milieux agricoles: le fait de subordonner l’indemnisation à la mise en place de mesures de protection des troupeaux.
Enfin, le gouvernement entend mener des études sur les hybridations chien-loup (actuellement estimée à 1 à 2% de la population de loups), sur la place du loup dans les écosystèmes, et sur l’éthologie pour mieux comprendre l’animal et son apport à la biodiversité. « L’aspect positif de ce plan est d’assurer la coexistence entre le loup et le pastoralisme. En revanche on reste toujours opposé aux tirs létaux« , juge Patrick Boffy, vice-président de Ferus, association de protection des loups, ours et lynx.
Pour France Nature Environnement, ce plan est une « occasion ratée de rééquilibrer la politique en faveur de la protection du loup ». Et le seuil de 12% est dangereux, estime Jean-David Abel, avec risque de stagnation ou régression de la population de loups.
Côté agriculteurs, c’est la colère. La puissante FNSEA demande au gouvernement « de revoir sa copie », de simplifier les autorisations de tirs de défense et de permettre les abattages toute l’année.
Le Modef refuse, lui, le « quota imposé » de 40 loups et fustige un plan qui « préserve le loup sur le territoire » et ne protège pas « les éleveurs, les animaux et les randonneurs ».
Les maires de l’Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales ironisent enfin sur un plan qui propose le « marquage des alpages par des crottes de meutes très éloignées pour simuler leur présence », en espérant ainsi décourager l’arrivée de nouveaux loups.
Source : AFP
Mon point de vue : je crains que le débat entre agriculteurs et associations de protection des loups reste sans fin. Ancré dans les mémoires de génération en génération, il suscite une telle animosité.
Le gouvernement se doit de trancher et d’imposer un plan qui permette de répondre au mieux aux demandes de tous. Sachant que les agriculteurs doivent avoir les moyens de protéger leurs troupeaux et les loups de vivre. N’avons-nous déjà pas suffisamment d’espèces animales disparues et en voie de disparition à cause de nous en France et sur la planète ?