Les assassins du père Hamel ont « échoué » à « exacerber la peur des Français », a affirmé mercredi le président Emmanuel Macron lors d’un hommage national solennel à Saint-Etienne du Rouvray, un an après cet acte qui avait bouleversé le pays.
« La République n’a pas à combattre une religion ou à vouloir se substituer à elle », a affirmé le chef de l’Etat à l’extérieur de l’église où le prêtre de 85 ans avait été égorgé par deux jihadistes, douze jours après l’attentat de Nice. « Mais chaque religion (…) a à mener sa part de combat pour que jamais la haine, le repli (…) ne puissent triompher« , a-t-il ajouté.
« Au pied de son autel, les deux terroristes ont certainement cru semer parmi les catholiques de France, la soif de vengeance et de représailles, ils ont échoué« , a affirmé le chef de l’Etat, qui a salué la solidarité exprimée après l’assassinat du père Hamel.
« Au coeur de nos lois et de nos codes forgés par l’Histoire, il est une part qui ne se négocie pas, une part sur laquelle on ne porte pas la main, une part, j’ose le mot, sacrée. Cette part, c’est la vie d’autrui« , a déclaré le chef de l’Etat.
Célébrée par l’archevêque de Rouen Dominique Lebrun, la cérémonie a débuté par un long silence à 09H00 précises, heure à laquelle le prêtre, âgé de 85 ans, avait commencé à dire sa messe le 26 juillet 2016, devant cinq personnes, trois religieuses de Saint-Vincent-de-Paul et un couple de paroissiens octogénaires.
Si les trois soeurs étaient présentes, le couple en revanche n’a pas souhaité venir, la douleur étant encore trop forte. Le mari, Guy Coponet, 87 ans, avait également été poignardé au cours de l’attentat, sous les yeux de son épouse, par les deux jihadistes. Laissé pour mort, il a survécu, après avoir subi deux opérations chirurgicales.
« Aujourd’hui nous faisons mémoire d’un père qui continue de veiller sur nous« , a déclaré l’archevêque au début de la cérémonie, à laquelle ont également assisté le Premier ministre Edouard Philippe, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, de nombreuses autres personnalités politiques ainsi que 14 membres de la famille de Jacques Hamel.
– Retentissement énorme –
Plusieurs centaines de personnes ont aussi assisté à l’office retransmis sur écran géant à l’extérieur de la petite église du XVIe siècle.
« Non la haine n’a pas triomphé et elle ne triomphera pas« , a poursuivi Mgr Lebrun, qui célébrera en fin de journée une messe en la basilique de Bonsecours, sur les hauteurs de Rouen, avant d’aller prier sur la tombe toute proche de Jacques Hamel.
« Le visage de Jacques Hamel est devenu le visage de ce qui en nous refuse cette culture de mort et ce terrorisme arrogant« , a estimé M. Macron, ajoutant: « son sourire est devenu un sourire de résistance, celui de l’humanisme qui se tient droit face à l’obscurantisme« .
Si le bilan humain n’est en rien comparable à celui de l’attentat de Nice deux semaines plus tôt, l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, hautement symbolique d’un point de vue religieux, a eu un retentissement énorme.
« C’était probablement pour monter les religions les unes contre les autres. C’est un échec total« , a témoigné à l’AFP le prêtre de la paroisse, Auguste Moanda-Phuati.
Le prêtre Hamel, unanimement décrit comme simple, dévoué et discret, venait d’achever sa messe matinale quand il a été tué de deux coups de couteaux à la gorge.
Les assassins, qui se réclamaient de l’organisation État islamique, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, 19 ans, tous deux fichés S, ont été abattus par les forces de l’ordre à leur sortie de l’église. Deux hommes ont été écroués dans cette affaire pour leur liens présumés avec les auteurs de l’attentat.
Jacques Hamel devrait être béatifié par le Vatican, en tant que martyr, par une procédure accélérée. Le pape François a en effet demandé que le délai de cinq ans imposé entre la mort et le début du procès en béatification, ne soit pas appliqué dans son cas.
Source : AFP