Comme toutes les périodes électorales, celle que nous traversons fait la part belle aux empoignades entre adversaires politiques et aux querelles entre militants. Quelle que soit la force de nos convictions, qui d’entre nous ne s’est pas retrouvé dans un débat plus ou moins enflammé avec une personne aux opinions totalement opposées, tentant vainement de lui démontrer le bien-fondé de notre point de vue …
Une expérience pas toujours agréable, d’où l’on émerge parfois en se demandant : « Comment peut-il ne pas voir qu’il a tort ? Pourquoi est-il aussi borné ? »
Une partie de la réponse tient en deux mots : « biais d’information ».
Tout d’abord, il est bien sûr tout à fait normal, et même souhaitable, que chacun d’entre nous élabore ses propres valeurs et défende ses opinions ! Mais peut-être serait-il également pertinent, en cette période où nous sommes bombardés d’informations qui tendent à démontrer une chose et son contraire, de prendre conscience de certains des biais que nous mettons en œuvre sans nous en rendre compte pour étayer nos jugements et nos croyances.
Le biais d’information est l’un des biais cognitifs les plus connus de la Psychologie sociale. Un biais cognitif étant un mécanisme de la pensée qui affecte notre jugement.
Dans la vie de tous les jours, le biais d’information consiste à privilégier les informations qui viennent confirmer nos opinions et nos croyances, et à accorder une moindre importance à celles qui viendraient bousculer nos conceptions. Depuis les années 60, il a été mis à jour à travers de très nombreuses expériences qui l’ont abondamment illustré avec trois déclinaisons différentes :
- La recherche biaisée d’informations, ou le fait de rechercher des informations qui soient compatibles avec ce que nous pensons être vrai,
- L’interprétation biaisée, ou le fait d’interpréter une information ou même un fait objectif comme venant étayer nos croyances,
- La mémoire biaisée, ou le fait de se souvenir de façon sélective afin de maintenir ou renforcer nos croyances.
A l’heure de l’information 2.0, de la multiplication des sources et des « faits alternatifs », il est évidemment tentant de privilégier ce qui nous conforte dans l’idée que seules nos opinions ont du sens, et d’éviter tout article ou réflexion qui pourraient venir nous porter la contradiction. Sur Twitter notamment, on peut se constituer une « timeline » sur mesure qui nous conforte à l’envie dans l’idée que nous sommes dans le vrai ; ce qui implique que nos adversaires ont forcément tort.
Est-ce aussi simple que cela ? Sans doute pas.
Peut-être aurions-nous intérêt à prendre en compte l’ « illusion d’optique » créée par le biais d’information et à « challenger » davantage nos croyances ? Qui sait, nous pourrions peut-être trouver une parcelle de vérité dans le discours de cet adversaire qui nous agace tant !