Depuis quelques années l’hypnose est devenue un phénomène très en vogue qui suscite à la fois la crainte de perdre le contrôle de son esprit et de son corps et la curiosité (Suis-je hypnotisable ? Cette technique peut-elle m’aider à arrêter de fumer, mincir…). S’abandonner à un autre n’est pas anodin. Quid!
Les nombreuses émissions télévisées et les vidéos sur YouTube regorgent de séances d’hypnose que je qualifierais de spectacles, parfois humiliants, impliquant des personnes sélectionnées pour leur suggestibilité extrême et l’envie de participer à ce genre d’expériences. Ce type de séances fait beaucoup de tort à l’image de l’hypnose et à l’hypnose thérapeutique en particulier.
Cette dernière a une longue histoire et a aussi été longtemps controversée dans les milieux médicaux. Aujourd’hui encore, l’esprit cartésien médical garde une certaine méfiance à son égard, mais l’hypnose est bien entrée dans l’enseignement de la médecine et pratiquée dans beaucoup de domaines thérapeutiques (pour éviter ou diminuer les produits anesthésiques, calmer les angoisses, maîtriser la douleur chronique…).
L’hypnose a fait ses preuves dans l’arrêt du tabac. Et peut-on « mincir par l’hypnose »?
Les annonces avec une telle promesse, souvent présentées comme un « anneau gastrique virtuel » sont issues de cabinets de praticiens non médicaux.
En effet, il n’y a pas de nutritionniste ni de diététicien prêt à relever un tel défi, tout simplement, parce qu’ils connaissent la complexité du surpoids et évitent les promesses de miracles.
L’hypnose est un outil puissant et efficace pour travailler sur les symptômes qui mènent au surpoids, mais il est naïf de croire qu’une suggestion de rétrécissement d’estomac peut régler l’affaire en une séance, alors que les vrais anneaux échouent.
Dans ma pratique de diététicienne-hypnothérapeute j’ai rencontré des milliers de gens avec des problèmes de surpoids. Une infime partie d’entre eux sont des personnes qui se sont un peu négligées et avec les années ont pris des kilos en trop. Pour ce genre de patients, une information bien adaptée sous forme de recommandations diététiques peut être suffisante.
En revanche, la grande majorité des patients n’a pas grossi par un simple laisser-aller. Pour elle, le poids, consciemment ou inconsciemment a un rôle et un sens. Rôle de protection, de prise d’espace et de place au sein d’une famille et dans la société en général, de conformité avec les attentes de l’entourage…
Si les traumatismes, les conflits et les représentations qui ont mené au surpoids persistent, les kilos reviennent inexorablement.
L’hypnose est très utile pour résoudre ces derniers, pour provoquer une autre lecture de la réalité et initier le changement en mobilisant les ressources du patient.
Souvent, quand l’amincissement stagne, je fais fermer les yeux au patient et lui demande d’imaginer qu’il est déjà mince et la sensation que cela provoque dans son corps. La plupart du temps la réponse est « douleur » ou « peur » ou « malaise ». A partir de là, l’hypnose a toute sa place et son efficacité en travaillant sur ses sensations, leurs origines, les croyances et les représentations.
Un autre exemple est le travail sur les causes déclenchant les grignotages : angoisse, énervement, comportements automatiques, sensation de manque de contrôle. Là, encore, l’imagination du patient, ouverte par l’état d’hypnose et les suggestions du thérapeute trouve des possibilités pour sortir du cercle vicieux.
L’hypnose peut aussi aider à réguler les quantités ingérées en agissant sur les messages corporels de satiété et de faim, sur la réponse aux stimuli visuels de nourriture, auxquels les personnes obèses sont plus sensibles que la population générale.
On peut aussi travailler sur images de soi, la confiance en soi et la manière d’exprimer ses émotions pour ne pas utiliser la nourriture comme un palliatif.
Les suggestions en hypnose thérapeutique (je pratique l’hypnose Ericksonienne) sont très métaphoriques, laissant la place au travail de l’inconscient. Le cerveau « n’aime pas » l’intrusion directe. En effet, la suggestion directe ne révèle pas les ressources uniques que l’imagination de chacun peut trouver. « Vous avez un anneau et votre estomac est plus petit, donc, vous n’avez pas faim » est une proposition inacceptable pour la plupart des gens, car l’inconscient se sent manipulé. Ce genre d’affirmations (pareil pour l’arrêt du tabac) relève plus de la méthode Coué.
Pour résumer, l’hypnose est un travail (et non pas un miracle). C’est un travail qui dure quelques séances pour le même problème, mais le suivi nutritionnel peut durer beaucoup plus de temps. C’est un travail de l’imagination du patient et du thérapeute dans le respect d’une déontologie professionnelle médicale. Pour que l’hypnothérapie fonctionne, il faut construire une alliance thérapeutique entre le patient et le professionnel (c’est le cas de tous les types de thérapies). Il n’y a pas de protocoles stricts, car chaque personne est unique dans son vécu et sa construction, d’où la nécessité de faire confiance à un professionnel de santé expérimenté et, encore mieux, recommandé par une personne de confiance. Il est prudent de se méfier des promesses excessives. L’hypnose peut faire avancer sur le chemin de l’amincissement en incitant et soutenant le changement.