Pays sans frontières, l’Acadie s’étend sur les quatre provinces maritimes du Canada Atlantique. Originaires du Poitou de Normandie mais aussi de Bretagne, les Acadiens francophones possèdent des ramifications bien vivantes au Québec, en France, et bien sûr en Louisiane. A l’occasion de la sortie du premier guide édité par le Petit Futé exclusivement dédié au Nouveau Brunswick, partez à la découverte de ce petit bout d’Amérique pour célébrer le 150e anniversaire de la Confédération canadienne.
Au 18ème siècle, la cession de l’Acadie à l’Angleterre s’est traduite par un véritable traumatisme collectif. De 1755 à 1763, l’épisode du « Grand Dérangement » aboutit à la déportation par les Anglais de plus de la moitié de la population, vers les colonies américaines, l’Angleterre et la France. Les Acadiens qui refusent de prêter allégeance à la Couronne britannique sont dépossédés de tous leurs biens et regroupés sur les vallons fertiles de Grand-Pré en Nouvelle-Ecosse. Ils atterrissent en Louisiane où ils forment la communauté Cajun, mais aussi à Belle-Ile en Bretagne ou encore aux Iles Falklands (Malouines) sous la conduite de Bougainville. Transportés à fond de cale dans des conditions inhumaines plus de la moitié d’entre eux périssent. « C’est vrai que depuis tout ce temps la France ne nous a pas beaucoup aidé, excepté les festivals, comme l’Interceltique de Lorient qui nous a plusieurs fois mis à l’honneur » soupire Edith Butler, la grande prêtresse de la chanson acadienne.
Indiens Micmac
De cette période de grande misère subsiste le mythe littéraire d’Evangéline dont la statue s‘élève sur le site historique de Grand-Pré. Popularisé en 1847 par le poète et écrivain américain Henry Wadsworth Longfellow ce récit romantique retrace l’aventure fictive mais tristement commune d’un couple séparé par la déportation. Après des années de vaines recherches, Evangéline retrouve enfin la trace de son bien-aimé Gabriel. Gravement malade, il s’éteint dans ses bras scellant ainsi le destin de tous les Acadiens expatriés. Proscrits, dispersés aux quatre vents ou condamnés à vivre clandestinement, les Acadiens gardèrent le silence pendant de longues années. Timidement d’abord, puis de plus en plus ouvertement ensuite, ils se refirent un pays avec l’aide active des Indiens Micmac sur les décombres de l’ancienne Acadie. Leurs terres d’origine ne leur appartenaient plus, mais ils se sont répandus dans les régions laissées de côté par les nouveaux occupants. En bons « défricheurs d’eau », ils ont asséchés les marais infestés d’insectes. Peu à peu, ils ont recréé une Acadie vivante, dont les meilleurs représentants actuels s’appellent Antonine Maillet, prix Goncourt 1979 pour le roman Pélagie-la-Charrette, Léonard Forest et Phil Comeau pour le cinéma, Natasha St Pier, Roch Voisine, Dominique Dupuis, Danny Boudreau, Marie-Jo Thério pour la musique, ou Louis Robichaud pour la politique.
Bénédiction des bateaux à Caraquet
Située dans la province maritime et officiellement bilingue du Nouveau-Brunswick, la péninsule des irréductibles Acadiens de Caraquet raconte à sa manière une parcelle de cette histoire. En ce dimanche du mois d’août, les marins de ce gros port de pêche du Nouveau-Brunswick sur la côte sud de la baie des Chaleurs, se préparent pour la traditionnelle bénédiction des bateaux. Profondément catholiques, les habitants perpétuent une tradition qui serait héritée de leurs ancêtres poitevins et bretons. Chaque été, en ouverture du Festival acadien de Caraquet qui fête cette année du 3 au 15 août sa 55e édition, le curé de la paroisse célèbre une messe en l’honneur de la Vierge Marie, patronne des pêcheurs. Dans une atmosphère de recueillement, il prie pour les marins morts en mer et procède à la bénédiction de tous les chalutiers pavoisés aux couleurs de l’Acadie. Ici comme ailleurs, l’attachement au culte marial revêt une importance toute particulière. La mère du Christ n’a pas seulement donné aux Acadiens un hymne et une fête nationale. C’est aussi son étoile la « Stella Maria » qui illumine le cœur et brille sur le drapeau tricolore de ce peuple apatride. A l’issue de la messe en plein air, la manifestation prend soudainement un tour plus festif. A grand renfort de caisses de bières, les patrons pêcheurs invitent les amis et les touristes à monter à bord pour une petite balade en mer.
Village historique acadien
A quelques kilomètres de Caraquet, le village historique acadien se dresse fièrement au milieu d’une campagne paisible et verdoyante. Créé il y a 40 ans cette année le long de la Rivière-du-Nord, ses fondateurs se sont donné pour mission de reconstituer le plus fidèlement possible la vie des Acadiens de 1770 à 1939. Pour cela, ils ont démonté plus de quarante édifices en bois de l’époque, églises, écoles, forges, magasins généraux. Puis les ont reconstruits pièce par pièce sur le site. Au fil d’un parcours de plus de trois heures, des animateurs en costumes d’époque font revivre les coutumes et les gestes ancestraux. Certains poussent même le mimétisme jusqu’à connaître l’histoire et les petites manies de ceux qui ont véritablement vécu dans ces lieux.
Deux millions d’Acadiens et d’Acadiennes
A force de courage et de persévérance, les Acadiens qui étaient à peine 15000 au moment de la déportation sont désormais 2 millions dans le monde et plus de 300 000 dans les seules provinces maritimes du Canada Atlantique. Le chemin de la reconnaissance identitaire est encore long et parsemé d’embûches, mais de nombreuses personnalités succombent peu à peu aux sirènes de « l’acadianité ». Ce fut le cas notamment d’Elisabeth II, reine d’Angleterre et du Canada qui contre toute attente a décrété en 2005 que le 28 juillet serait désormais la « Journée de commémoration du Grand Dérangement ». Dans sa royale déclaration dont un exemplaire est visible au Musée acadien du Québec de Bonaventure, la reine prudente s’empresse toutefois de préciser que la présente proclamation « ne constitue en aucune façon une quelconque reconnaissance de responsabilité juridique ou financière de la part de la Couronne, du Chef du Canada et des provinces ».
Les premiers arrivants l’avaient surnommée Arcadie du nom d’une province féconde de la Grèce antique. Les Indiens Micmac parlaient d’Algatig pour signifier le lieu du campement. Quant aux Acadiens qui ont échappé à la disparition annoncée, ils sont à l’image de l’une de leur chanson « Réveille ». Portée sur toutes les lèvres par Zachary Richard, le pape de la chanson cajun originaire de Louisiane, son antienne résonne comme un cri de combat : « Mon grand, grand grand grand-père, est venu de la Bretagne, le sang de ma famille a mouillé l’Acadie. Réveille, réveille, hommes acadiens pour sauver le village, pour sauver l’héritage… ».
Pour visiter le Nouveau Brunswick
Site internet : http://www.tourismenouveaubrunswick.ca
Facebook: facebook/nouveaubrunswick
Twitter: ExplorezLAcadie
Le Petit Futé a lancé le 13 Mars 2017 le premier guide en France exclusivement dédié au Nouveau-Brunswick. Ce guide a été écrit par deux journalistes, Nassera Zaid, et Robert Kassous, une personnalité bien connue et appréciée de la presse de tourisme. Ils sont tous les deux « tombés en amour » avec cette autre province du Canada. Ils nous révèlent leurs secrets et coups de cœur, et nous font voyager en suivant les cinq routes touristiques. https://www.petitfute.com/
Le Village Historique Acadien près de Caraquet fête ses 40 ans, le Pays de la Sagouine ses 25 ans :
Le Nouveau-Brunswick abrite la plus grande concentration d’Acadiens, et deux sites permettent de partager la culture et comprendre les traditions : le Village Historique Acadien avec plus de 200 interprètes et 40 bâtiments authentiques qui ont été déplacés à Bertrand près de Caraquet, et le Pays de la Sagouine à Bouctouche pour aller notamment à la rencontre des personnages des romans d’Antonine Maillet, Prix Goncourt en 1979. http://www.villagehistoriqueacadien.com
Quelques idées d’hébergements insolites :
Dormir dans une bulle
Comment s’évader dans une bulle, au cœur de la nature, à deux pas de la baie de Fundy et de ses îles ? Le Ridgeback Lodge propose de dormir en forêt la tête dans les étoiles pour vivre une expérience unique et mémorable en « glamping », ou dans une cabane en bois et chauffée au poêle…sans parler de la cuve thermale japonaise. Un environnement de bien-être et d’évasion. http://www.tourismenouveaubrunswick.ca/Produits/R/RidgebackLodge.aspx
Ma cabane au Canada
Direction la rivière de la Restigouche, connue dans le monde entier pour la pêche au saumon. Imaginez le chalet à bois rond, le deck et ses chaises Adirondack, le barbecue et la rivière à deux pas. Un séjour « made in Canada » dont on en rêve pour se ressourcer en pleine nature. Bienvenue aux Chalets Restigouche.
http://www.tourismenouveaubrunswick.ca/Produits/C/ChaletsRestigouche.aspx
Un voyage dans le temps
L’hôtel Château Albert situé au cœur du Village Historique Acadien de Caraquet date de 1907 et accueille les visiteurs à la recherche d’authenticité et d’émotions. La rencontre avec les Acadiens réserve de belles histoires, et des moments de partages pleins de sincérité. Passez une nuit au début du XXème siècle et vous voilà transportés dans cette époque, si loin de notre quotidien. A vivre absolument.
http://www.tourismenouveaubrunswick.ca/Produits/H/HotelChateauAlbertduVillageHistoriqueAcadien.aspx