L’Ami du peuple, fondé le 12 septembre 1789, s’était distingué dès l’origine par sa violence verbale, ses dénonciations de tous les pouvoirs en place, ses appels aux « secousses violentes » et aux mesures extrêmes – tribunal révolutionnaire, exécutions populaires, redistribution des terres, en s’affirmant comme le porte-parole du petit peuple opprimé. Ainsi Jean-Paul Marat avait-il posé aux révolutionnaires la grande question des limites admissibles – nécessaires ? – à la liberté d’expression.
D’abord ceux-ci n’en veulent aucune. Dès après la réunion des Etats généraux, en mai 1789, et surtout après le serment du Jeu de paume, le 20 juin, le pouvoir royal se montre incapable de contenir la vague irrésistible de la presse en marche. A Paris, on recense 23 quotidiens à la fin de l’année 1789 et l’ensemble des publications périodiques est estimé entre 140 et 190 : les autres feuilles paraissent une, deux ou trois fois par semaine.
En dépit de leur coût, souvent élevé, elles sont accessibles au grand nombre dans les cabinets de lecture qui fleurissent un peu partout., notamment sous les galeries du Palais-Royal à Paris à proximité des cafés.
Le mois de juillet 1793 fut un mois dramatique dans l’histoire de la presse révolutionnaire. Disparaissent les journaux royalistes et ceux des Girondins mis hors la loi. A la date du 13 juillet, Marat est assassiné. Le peintre Jacques-Louis David lui consacre l’oeuvre La mort de Marat, gisant au pied de la baignoire où le journaliste soignait une maladie de peau. A ses côtés le couteau qui l’a fait taire et la plume d’oie dont il se servait pour écrire son article du lendemain.
La Terreur est en passe d’étouffer une liberté de la presse que les constituants, après la prise de la Bastille, avaient voulue la plus complète possible. Source : Flammarion